Brexit, le pire est devant nous ?

Nous voilà à présent un an après le déclenchement de l’article 50 du Traité de Lisbonne concernant la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Une fois la procédure lancée, le pays concerné doit établir un accord de sortie en deux ans. Ainsi, la Grand-Bretagne n’a plus qu’une année, jusqu’au 29 mars 2019, pour formuler ses modalités de sortie avec l’Union Européenne. Mais en un an, que s’est-il réellement passé ? De quelles façons ont avancé les négociations ? Le Brexit en voix de se dessiner est-il le même que celui du référendum de 2016 ?

 

Un Premier ministre dans le flou ?

Les négociations du Brexit semblent de plus en plus en suspend. L’un des problèmes majeurs semble être le manque de clarté de Theresa May. Le premier ministre enchaîne les discours (le dernier étant celui du 2 mars 2018 de Mansion House), mais aucun élément concret n’en ressort et un manque de précision dans la position des britanniques est évident. Les 27 pays de l’UE s’agacent quant à eux de cette situation. En effet, ils estiment que la position ambiguë de Theresa May provient surtout du fait qu’elle cherche à apaiser son parti conservateur et son gouvernement, extrêmement divisé sur la position à adopter avec l’UE.

Lors de cette conférence du 2 mars dernier, la chef du gouvernement a uniquement évoqué « un accord de libre-échange le plus large possible », sans mentionner de quelconques autres modalités. Elle désirerait un accord « ambitieux » où des secteurs entiers de l’économie resteraient  aux normes européennes (tel que l’aviation, les produits chimiques ou les médicaments). Quant aux services, surtout ceux financiers, Theresa May cherche à obtenir un « mécanisme de consultation » entre Londres et Bruxelles. Cependant, la seule chose que Bruxelles aie véritablement entendue, c’est la volonté de la Grande-Bretagne de quitter le marché intérieur et l’union douanière… Mais  à quel prix ?

 

Le Brexit, un mal déjà fait

L’incertitude qui règne autour des négociations du Brexit n’est pas sans conséquence sur notre économie. Premièrement, l’impact se fait ressentir sur les prix de l’immobilier. Alors que le marché de l’immobilier parisien flambe, le marché londonien a diminué de 1,8% en 2017 et cette chute se poursuivrait en 2018 de 2%. Cette baisse, observée pour la dernière lors de la récession de 2009,  est clairement liée à une crainte des investisseurs aux vues des futurs bouleversements possibles que Londres pourra connaître.  De plus, l’affaiblissement de la croissance britanniques ainsi que la baisse du pouvoir d’achat liée à l’inflation continue d’alarmer les investisseurs et les investissements immobiliers connaissent une belle chute (de 242 Millions en 2016 à 87 millions en 2017) : les riches investisseurs étrangers sont davantage prudents.

Le Brexit impact également déjà le cours des devises. Depuis le référendum de 2016, la Livre sterling s’est déprécié de 13% par rapport à l’Euro. La faiblesse de la Livre peut être expliquée une nouvelle fois par l’incertitude et donc la prudence des investisseurs allant de pair avec de plus faibles perspectives de croissances. La livre pourrait-elle tomber à parité avec l’Euro ? Cette situation est tout à fait envisageable en fonction des actions de la banque d’Angleterre, mais surtout quelles conséquences aurait une Livre à un Euro ? Premièrement, la conséquence la plus flagrante serait une baisse du pouvoir d’achat pour les Britanniques or ce pouvoir d’achat souffre déjà du renchérissement des produits importés, notamment dans l’alimentation. Ainsi par exemple, la fameuse marque américaine de chocolat Toblerone a dû faire des sacrifices pour sa filiale anglaise. Effectivement, ne voulant pas augmenter le prix de la barre chocolatée avec la hausse du prix des produits importés, Toblerone décida de réduire la quantité de chocolat présente dans la confiserie. Et pour ce faire, la marque décida de retirer certains de ces fameux « triangles » qui lui sont emblématiques. Nous voyons donc dans cet exemple les conséquences bien concrètes d’une baisse de la livre qui impact directement l’économie de la Grande-Bretagne.  

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La City connaît aussi des turbulences liées à ces incertitudes du Brexit. En effet, la sortie de l’UE entraînerait la perte de plus de 75 000 emplois dans les services financiers à Londres. Les établissements ayant installé leur siège social à Londres n’auront donc plus de passeport leur permettant d’avoir accès aux marchés financiers européens. Ces emplois seront ainsi sûrement recréés dans d’autres places financières européennes telles que Francfort ou Paris. De nombreux transferts ont déjà été réalisés en 2017 notamment par les grands groupes comme HSBC, Goldman Sachs ou Citigroup.

 

Le mal à venir serait donc surtout pour … les entreprises

Le Brexit effraie de plus en plus les entreprises qui redoutent déjà le résultat des accords de sortie. Si aucun accord de libre échange n’est signé, les entreprises britanniques en auront pour une facture de 30 milliards d’Euros pour exporter vers l’UE et les sociétés dans l’UE pour 35milliards d’Euros de barrières tarifaires.  Les secteurs de l’économie qui seraient les plus touchés sont l’automobile, l’agriculture et enfin l’agro-alimentaire. Ainsi en cas de « Brexit dur », sans accord douanier, le Brexit coûterait 65 milliers d’Euros aux entreprises des deux camps concernés. C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises s’opposent au « Brexit dur », car sans accord, l’augmentation des coûts pour les entreprises pourrait même remettre en question la rentabilité de certaines. 

 

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Le Brexit a déjà eu sur les économies européennes ses conséquences alors que les négociations ne viennent que d’être entamées. Les Européens doivent accélérer le pas des Britanniques, c’est pourquoi ils travaillent désormais sous forme « d’escalier de Barnier ». C’est une échelle qui permet de proposer au gouvernement britannique différents degrés de coopération entre un pays tiers et l’UE. Il existe « l’accord norvégien », « suisse », « ukrainien », « turc » ou « canadien ». Toutefois, Theresa May n’en a pour l’instant accepté aucun, nous ne pouvons donc que difficilement prévoir l’issue des discussions pour le Brexit.

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